
Dans une étude menée sur « les impacts du confinement et de la crise sanitaire sur la jeunesse » de septembre 2020, un rapport fait état
de la santé mentale des jeunes dans notre pays
suite à une étude menée sur les mois de juin et juillet 2020.
« L’Observatoire national de la vie étudiante a publié, courant du mois de juillet 2020, les résultats de l’enquête sur les conditions de vie des étudiants pendant la crise sanitaire. Cette enquête a concerné plus de 6 000 étudiants répartis entre différentes sections de formation dans l’enseignement supérieur.
Bien-être et santé mentale : près d’un étudiant sur trois (31 %) a présenté les signes d’une détresse psychologique pendant la période de confinement notamment en termes de nervosité, de l’abattement, de la tristesse et du découragement. Trois catégories
paraissent particulièrement fragiles sur ce plan : les étudiants étrangers, les étudiants en difficulté financière et les étudiantes. Mais cette détresse psychologique ne s’est pas matérialisée par des addictions. Seulement 14 % des étudiants déclarent avoir consommé plus d’alcool et 30 % moins d’alcool qu’habituellement. La qualité des conditions de vie durant le confinement a souvent été tributaire du logement. C’est pourquoi près de la moitié des étudiants interrogés ont quitté le logement habituellement occupé durant les études.
C’est essentiellement la famille qui a joué le rôle de refuge pour ces jeunes. Même si 44 % d’entre eux rapportent des difficultés d’ordre relationnel avec un parent au moins.
La continuité pédagogique : d’un point de vue général, 39 % des étudiants considèrent la formation dispensée durant le confinement satisfaisante contre 25 % d’étudiants la considérant peu ou pas satisfaisante. Parmi les principales difficultés déclarées dans le cadre de la poursuite des études en situation de confinement, sont cités l’organisation du temps et du travail personnel, soit 51 % d’entre eux, les problèmes de connexion internet (39 %) et le manque de relations avec les autres étudiants (39 %). Le travail rémunéré a également subi un coup d’arrêt avec près de 58 % des étudiants qui ont dû arrêter, réduire ou changer l’activité rémunérée. Parmi eux, 36 % ont tout simplement arrêté cette activité.
Cela a eu pour conséquence que près d’un tiers (33 %) des étudiants a rencontré des difficultés financières pendant le confinement. Un certain nombre d’entre eux ont ainsi reçu des aides (d’associations, de la famille ou du Crous : 36 % déclarent avoir bénéficié
des aides et 19 % des aides matérielles).
Des projets de vie contrariés : la crise sanitaire produit ainsi des effets sur la projection d’avenir des étudiants interrogés. 78 % de ceux qui avaient un stage n’ont pu le réaliser et 72 % qui avaient un projet de mobilité internationale n’ont pas pu le réaliser.
Plus de la moitié d’entre eux (57 %) estiment que la poursuite des études sera affectée par la crise sanitaire et près d’un étudiant sur quatre envisage une réorientation. Car un cinquième d’entre eux estiment que les chances d’insertion professionnelle
seront mauvaises ou très mauvaises. Au-delà des étudiants, ce sentiment du risque d’affronter des difficultés dans l’avenir est
largement partagé chez les jeunes. 60 % d’entre eux estiment qu’ils auront une vie moins facile que leurs parents. Mais ils refusent majoritairement (81 %) de se reconnaître dans l’appellation « Génération Covid-19 ».
Des jeunes anxieux, angoissés, mais … confiants dans l’avenir selon l’Enquête CoviPrev de Santé publique France.
Les jeunes représentent la catégorie de la population qui cumule le plus fort taux de prévalence pour l’anxiété, la dépression et les problèmes de sommeil qui restent un des effets des deux premiers. »
Françoise Ladjadj, infirmière en charge de la prévention au Service de Santé Universitaire (SSU) de Poitiers, précise » A Poitiers, le constat des psychologues du SSU rejoint complètement les données de cette enquête. A noter que certains étudiants expriment une souffrance importante particulièrement en lien avec les changements et les incertitudes concernant leurs cours et modalités d’évaluation. »
Sources : Les impacts du confinement et de la crise sanitaire sur la jeunesse. Constats, Initiatives locales, Préconisations – Septembre 2020 – BANQUE DES TERRITOIRES
Pour les personnels de l’Université,
nous avons recueilli les témoignages du Médecin de travail
et de la Psychologue clinicienne du travail du Service de Santé Universitaire.
Le docteur Radu MOISOIU, médecin du travail à l’Université de Poitiers explique : « La crise sanitaire actuelle a un impact psychologique considérable sur les personnels de l’Université, en modifiant de manière importante leurs conditions de travail.
Elle bouscule les habitudes de travail et sollicite les capacités d’adaptation de chacun. Pour certains métiers, la période s’associe avec une augmentation significative de la charge de travail, avec risque d’épuisement, pour d’autres avec une certaine diminution de la charge de travail ou un sentiment de désorganisation, avec risque de démotivation.
Pour les enseignants, l’attachement à maintenir les objectifs pédagogiques et l’investissement humain en soutien des étudiants en difficulté en cette période impliquent souvent des horaires de travail effectif à rallonge, bien au-delà des 35 heures, possiblement aux alentours de + 50 heures.
Cette période de dématérialisation à marche forcée des méthodes de travail, dont l’enseignement, ce qui occasionne non seulement une surcharge de travail, mais aussi une surcharge mentale liée à l’utilisation des moyens informatiques.
Il convient ainsi de souligner qu’à côté des risques liés à l’utilisation excessive de la technologie, il y a les risques associés à l’utilisation dysfonctionnelle de la technologie : la culture de l’immédiateté, la possibilité de poursuivre le travail en dehors des horaires habituels, le brouillage des frontières entre la vie professionnelle et la vie privée, etc…
Dans certains cas, c’est une sorte de mécanisme addictif qui peut se mettre en place, dans lequel l’objectif recherché est la satisfaction d’avoir répondu aux besoins des étudiants et aux demandes de son employeur, malgré le coût psychologique pour soi, et le moyen de poursuivre cet objectif est le télétravail. Les conséquences possibles sont le syndrome d’épuisement professionnel ou le burnout.
Les personnes qui se sentent concernées par la description ci-dessus sont invitées à prendre contact avec notre service de médecine de prévention pour le personnel, moi-même en tant que médecin du travail, la psychologue pour le personnel ou l’infirmière en santé au travail. »
Caroline BOUCHERIT, psychologue clinicienne du travail abonde « Le premier constat, est que le confinement du mois de mars a créé un effet de choc chez certains personnels. Il a fait ressortir la fragilité de certains agents. Au centre de leurs préoccupations, ce n’est pas forcément l’isolement ou la peur d’être infecté par le virus qui a primé mais des problématiques existantes qui ont fait surface (états de déprime, problèmes relationnels, de couple…) et des interrogations sur les conséquences sanitaires et économiques d’une telle situation. Dans ce contexte anxiogène, le SSU a vu une recrudescence de demandes pour des entretiens, des demandes d’accompagnement, du soutien psychologique ou encore une orientation vers des professionnels de santé en libéral lorsque cela était nécessaire. Nous avons aussi donné des outils afin que les collègues demandeurs repartent avec des solutions concrètes et rapides comme la gestion des émotions, l’aide à l’organisation d’une journée de travail à domicile, la nécessité de séparer sa vie professionnelle de sa vie privée.
Si pour certains le confinement a été vécu de façon anxiogène, pour d’autres cela a permis d’apaiser les conflits sur le lieu de travail et de prendre de la distance. Le travail à domicile a également donné la possibilité de découvrir les collègues sous un angle plus positif. »
Renseignements pour prendre contact avec Service de Santé Universitaire sur https://ssu.univ-poitiers.fr/sante-au-travail
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